La pièce
Kos, Elisabeth, Arlette, Suzelle, Tita
et Latifa,
six faits divers, six paroles, six récits donnés
dans l’urgence de dire…
Habituées à la grisaille,
ces ombres humaines surgissent un bref instant à
la lumière, ressassant à l’infini leur
histoire, en quête du détail qui fait qu’un
jour, ça a basculé, qu’on a perdu pied,
en quête de la délivrance.
Ils n’ont d’existence que
le temps de leur parole, retournant au néant les
derniers mots prononcés : “flot incessant
de paroles toujours identiques, toujours inutiles mais dans
lequel tout à coup, on peut identifier la présence
d’objets concrets, de faits réels reconnaissables.
Et la diarrhée verbale prend soudain une épaisseur,
une vérité brutales.”
(Entretien avec F. Pascaud - Le Public n°6)
Aveux, témoignages, paroles
obsessionnelles, paroles bousculées sans ornement
ni pathétique, révèlent des personnages
émouvants d’intensité et de vérité.
L’aveu dans sa nudité,
dans son concret, dans sa force, dans sa violence, restitue
quelque chose. Je n’ai pas essayé de composer
autour de cet aveu, je l’ai rendu, je l’ai inventé
tel quel. Il n’y a eu de ma part aucun projet autre
que de faire dire des gens qui parlent. C’est en ça
que c’est aussi pour moi un geste politique […].
La parole des personnes, des gens,
cette nudité, cette crudité-là, c’est
ce qui fait à mon sens l’intérêt
de ces textes.
P MINYANA - Entretien
avec Robert Cantarella - 1999